dimanche, novembre 09, 2008

Royal Air Maroc entre nation et mondialisation


Cela fait quelques années déjà que le monde des compagnies aériennes subit la pression des perpétuels changements qui influencent la mouvance de son champ opérationnel. Ainsi des compagnies naissent, là ou d’autres agonisent ou meurent.
Des mots tels que « déréglementation », « privatisation », « fusion », «libéralisation », fusent un petit peu de partout en fonction d’événements conjoncturels (chocs pétroliers, événements géopolitiques…etc.) tout cela pour le plus grand bien présumé du consommateur

Il va de soi, que par l’adhésion « politique » de notre gouvernance à la marche mondiale du progrès, notre compagnie nationale - première ambassadrice, de par son statut de « flag company », de l’image du pays - reçoit de plein fouet les retombées de cette décision. Une disposition qui, paradoxalement, vient rogner de manière significative la souveraineté de l’état en matière de régulation économique du secteur aéronautique. Un contrôle livré en grande partie à la loi du marché et aux rennes des grandes multinationales et qui risque de l’être totalement si des dispositifs ne sont pas mis en œuvre pour protéger la nationalité de ses compagnies aériennes.

D’un point de vue profane il apparaît clairement le risque d’une incompréhension sémantique, subtile certes, mais qu’il est important d’éclaircir afin d’éviter les aléas « sociaux » conséquents à cette mesure de privatisation.

Si le terme « privatisation » résonne positivement par la présumée rentabilité corollaire à la recomposition du périmètre du secteur aéronautique elle n’en signifie pas pour autant « dénationalisation ». En effet tous les pays au monde ont mis en œuvre des dispositifs visant à protéger la nationalité de leurs compagnies aériennes, afin de préserver les droits de trafic qui relèvent à ce jour de prérogatives étatiques. Même aux États-Unis, la législation fédérale est, dans ce domaine comme dans bien d’autres, particulièrement protectionniste : elle dispose que les trois-quarts des droits de vote d’une compagnie aérienne doivent être détenus ou contrôlés par des ressortissants américains et que les deux tiers du management et du conseil d’administration doivent être américains. En Europe, le lieu principal d’activité ou le siège social du propriétaire de la compagnie aérienne doivent être situés dans l’Union européenne. La compagnie doit être détenue majoritairement par un ou plusieurs pays de l’Union européenne ou par des ressortissants d’un ou plusieurs de ces pays. Et plus spécifiquement en France des dispositions ont été prises récemment pour protéger la nationalité française d’Air France, dans le cadre de sa privatisation.

La question demeure donc de savoir si en parallèle l’état à prévu un minimum de mesures protectionnistes visant à rassurer le nationalisme citoyen, fortement ancré dans la culture locale, afin d’éviter de probables remous sociaux conséquent à un amalgame de sens entre privatisation et dénationalisation.

Il reste clair que, malgré ce courant fort et universel de privatisation, le transport aérien reste une activité de nature sinon régalienne du moins d’intérêt stratégique national, intérêt auquel s’ajoute un attachement sentimental toujours vivace.





© Khalid benslimane
21 Octobre 2008

jeudi, octobre 23, 2008

Un pavé dans l'eau?

En lisant le communiqué de l’AMPL (Association Marocaine des Pilotes de Ligne) du 20 octobre 2008 on ne peut s’empêcher de se poser quand même quelques petites questions, histoire de taquiner l’anguille sous son rocher….

Questions du genre :

La décision gouvernementale d’inclure la RAM dans la liste des compagnies à privatiser a-t-elle influencé cette attitude ? Décision menant les pilotes dans leur mouvement contestataire à désormais se battre sur deux fronts…

Y a-t-il eu « promesse » claire ou signifiée de la part de la direction ? Du gouvernement ?

Menaces du gouvernement ?

Prise en considération des avis des consommateurs dans ce bras de fer ? (Personnellement j’en doute…mais bon n’éliminons pas pour autant cette éventualité)

Mais soyons bons princes et accordons tout de même, au-delà de toute polémique, la volonté « citoyenne » dans cette démarche tempérée que d’aucuns (des irréductibles il y en a partout) pourront qualifier, à tort je pense, de « pavé dans l’eau » tout comme nous avons accordé, sans la moindre remise en question, la volonté « démocratique » privilégiant le dialogue social dans le discours royal.

C’est vrai que l’épisode de la grève des mécaniciens, encore très présent dans les esprits , vient jeter quelque suspicieuse ombre sur ce tableau idyllique mais bon tablons tout de même que ce retour à la raison, outre que conséquent à une prise de conscience mûrie du contexte aérien actuel et des profondes mutations corollaires de l’avancée sauvage de la mondialisation, est motivé aussi par quelque promesse formulée, bon gré mal gré, par la direction car, toutes proportions gardées, il resterait prudent quand même de mesurer l’altruisme des pilotes à l’aune de la bonne foi de la direction…comme quoi il ne sera pas facile à l’un comme à l’autre de montrer aussi promptement patte blanche.

Mais j’ai espoir en l’avenir….

En attendant, le matin du mercredi 22 octobre annonce d’ores et déjà la « fin » de l’action contestatrice menée par les pilotes en concluant, sur un ton guilleret de soulagement, par un « aujourd’hui, tout semble entrer dans l’ordre… », laissant planer un doute sur l’intention communicationnelle. Formulation calculée donc ou simple manque de maîtrise sémantique dans l’expression du ouf ?
L’information semble être anodine au premier abord si ce n’est le judicieux ou l’involontaire montage (je ne sais qu’en penser) du titre de l’article associant deux points opposés pour imposer une fausse idée

Le titre de l’article est libellé de la manière suivante

en gros caractères gras :
Les pilotes mettent fin à leur action de contestation

et en dessous en petits caractères :
L’ampl revendique la marocanisation des postes de commandants de bord

En lecture neurolinguistique le résultat est percutant et se traduit dans l’esprit du lecteur moyen (dont je fais aussi partie malgré mes grands airs) par « les pilotes mettent fin à cette revendication de la marocanisation des postes de commandants de bords »

Personnellement j’aurais crié à la « manipulation » (de quoi j’me mêle ??) et j’avoue que l’absence de réaction de la part de l’ampl me laisse perplexe car d’après son dernier communiqué je pensais qu’il ne s’agissait que d’un « report » de l’action revendicative…une mise en « stand by », histoire de voir venir les choses vu la mouvance planant sur le secteur en ce moment…mais bon apparemment le matin ose dire plus « crûment » ce que les pilotes ont timidement exprimés dans la recherche d’une sortie honorable, car il ne faut quand même pas oublier que certains de leurs membres ont quand même fait les frais de sanctions et d’avertissements…pour pas grand-chose finalement

L’omelette est ailleurs...

Mais bon à la limite c’est pas trop grave si ce n’est pas toujours les mêmes œufs qu’on casse et toujours les mêmes qui bouffent l’omelette. On est bien en démocratie non ?